dimarts, 25 d’agost del 2009

George Steiner - Les classiques "par coeur"

Philosophie Magazine
juillet-aôut 2009
George Steiner - Entretien

... il y a des textes -et c'est assez mystérieux- qui, chaque fois que nous y revenons, son plus riches qu'avant. Des textes qui nous lisent plus que nous ne les lisons. Des textes qui changeront pour lui au cours de sa vie. Qui vont produire en lui une sorte de croissance, l'écho intérieur d'un dialogue. Être inépuisable est l'un des critères du classique. C'est pour cela qu'il est essentiel d'apprendre par coeur. Ce que vous avez appris par coeur change en vous et vous change. Et personne ne peut vous l'enlever, ni la Gestapo, ni le KGB, ni la CIA: c'est en vous, cela vous appartient. Les poèmes d'Ossip Mandelstam ont survécu dans et grâce au "par coeur". La psychologie enfantine m'horripile quand elle affirme qu'il ne faut pas charger la mémoire des enfants! Je dois tout au sustème du lycée français, où on apprenait tour par coeur. Je connais encore par coeur certains textes classiques, et la joie que j'en retire est constante. Enleve cette possibilité à l'enfant, c'est amoindrir, laisser en lui des espaces vides qui ne demandent qu'à être habités. L'expression est d'ailleurs significative: on ne dit pas "par cerveau" mais "par coeur".