diumenge, 1 d’agost del 2010

Je suis un sceptique instruit – Entretien J.Luc Marion - Philosophie Magazine, mai 2010

Je suis un sceptique instruit – Entretien Jean-Luc Marion
La paradoxe de la science est qu’elle est absolument vraie, mais aussi provisoirement telle. Cette incertitude est la condition de possibilité du progres scientifique.
Au contraire, la philosophie ne progresse pas. En fait, elle n‘a affaire qu’à des certitudes négatives. La certitude négative ouvre un horizon postmoderne, qui consiste à reconnaître qu’une partie de l’expérience est indiscutable; le don ou l’événement, la naissance et la mort ou même le phénomène érotique, que personne n’ignore, mas dont aucun ne pourrait donner une définition positive.

En amour, je ne peux jamais avoir une connaissance qui me dispense d’avoir confiance dans la personne que j’aime. Sinon, nous n’aimerons plus.

Bref, produire des preuves de l’existance de Dieu n’est pas le plus grand exercice de la rationalité. Cela semble naïf. Tout comme démontrer que l’on aime ou que l’on est aimé, qu’un tableau est genial, qu’une symphonie est belle. L’ambition de tout démontrer est une forme de pensée magique.

En écrivant Le Phénomène érotique, où j’essayais de montrer –et il ne s’agissait pas de théologie- que le phénomène érotique n’avait ni raison suffisante ni cause, étant précisément fondé sur l’absence de raison et sur la gratuité. Il n’est pas du tout certain que l’on va aimer bien ou que l’on va être aimé en retour. Mais il n’y a pas de raison pour aimer, il n’y a donc aucune raison qui rende imposible d’aimer… J’ai été frappé par cette phrase très juste de Georges Bataille: “À la place de Dieu, il n’y rien d’autre que l’impossible.” On peut parfaitement faire de l’athéologie sur la base de la possibilité de Dieu. D’est d’ailleurs la bonne position.